Les revenus du capital. Par capital nous entendons aussi bien l’argent investi dans les entreprises sous la forme d’actions que l’argent placé dans l’immobilier. Dividendes, plus-values et loyers constituent les revenus du capital. Avec la mécanisation croissante de notre économie, les dividendes et les plus-values ont tendance à croître. Il est question du privilège de pouvoir s’enrichir à la condition d’être déjà riche. Combien représentent les revenus du capital par rapport à l’ensemble des revenus ? Environ quinze à vingt pour cent après impôts. Deux certitudes, ils sont en hausse sensible et ils creusent les inégalités sociales. Les revenus du capital sont au cœur de notre mythologie moderne dans laquelle il existe un paradis terrestre réservé à ceux qui ont été capables de « mettre de l’argent de côté » et élargi à leur famille et à leur descendance. Problème les autres, tous les autres, beaucoup plus nombreux, ceux qui n’ont que leur travail comme revenu, un travail qui se démonétise et se raréfie sur le marché. Après le paradis pour les uns, l’enfer pour tous les autres. Le capitalisme a toujours été et est profondément injuste.
Et pourtant, s’enrichir par les revenus de son argent est un fait accepté depuis si longtemps. Depuis toujours ? Voire, le fait a déjà été contesté par la plupart des religions à leur naissance, et aussi bien entendu par le communisme. Mais les faits sont là, cette mythologie est bien ancrée dans notre histoire actuelle, au point de paraître naturelle. L’argent est la clé de ce paradis terrestre. N’est-il pas devenu notre nouvelle religion ? Je ne crois pas que nous avons affaire à une religion car je ne connais pas de religion qui prône l’injustice comme règle cardinale. Bien sûr cette injustice est cachée, le subterfuge consiste à exalter le travail forcené et la récompense que représente les habits confortables du capitaliste. Devenir capitaliste, par son travail, pour pouvoir ensuite bénéficier d’un maximum de libertés et de richesses, fussent-elles aux dépens des autres. Voilà quel est le « paradis » prôné par notre société. Un paradis réservé aux VIP, les meilleures tables, les meilleurs terrains, les plus beaux points de vue, les plus belles maisons, les plus beaux voyages, la meilleure nourriture, les meilleurs soins, les plus beaux habits, du personnel à disposition et du temps libre jusqu’à déprimer. Le paradis, vous dis-je. Et l’enfer à côté, pour les autres. Le paradis ou l’enfer, avec des murs entre les deux s’il le faut. Le paradis et l’enfer, l’injustice incarnée, l’injustice absolue. Quand sortirons-nous de cette vieille rhétorique du paradis et de l’enfer ? Ce discours est efficace pour contrôler les foules mais il est tellement primaire et injuste !