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refondation de la gauche

  • La domination du capitalisme

    Commençons par définir le système capitaliste. Proposons une définition simple. Le capitalisme institue deux principes, le droit à un revenu pour les capitaux investis et le pouvoir dans les entreprises pour les apporteurs de capitaux.

    La primauté du capital financier sur l’économie qu’institue le capitalisme est aussi étroitement associée, mais sans s’y confondre, avec la révolution de la mécanisation du travail. Toujours plus de machines pour produire nécessite toujours plus d’investissements, donc plus de capitaux. En accroissant ses richesses par ses revenus du capital, le capitaliste est à la recherche permanente de nouveaux investissements, ce que sont justement les nouvelles machines, la boucle est bouclée.

    Le système capitaliste est aujourd’hui au sommet de sa forme. Il rayonne et domine en ce début de 21ème siècle. La croissance mondiale est là, les profits sont en hausse, tout va bien pour lui. Surtout, pratiquement personne de sérieux ne conteste son emprise, le capitalisme est devenu pour presque tout le monde aussi naturel et indispensable que l’oxygène. Foutaises bien sûr ! Il faut dire que le capitalisme a été débarrassé du communisme, son concurrent malheureux du 20ème siècle.

    Le communisme a été le seul à avoir réellement contesté le capitalisme. Obtenue principalement sur le terrain de l’économie, la victoire du capitalisme est sans appel. Les citoyens et la plupart des dirigeants des pays communistes ont littéralement laissé tomber le système communiste, trop inefficace. Le capitalisme a montré sa capacité à créer beaucoup plus de richesses que son concurrent, fussent-elles très inégalement réparties. L’ex-URSS, les pays de l’Est de l’Europe, la Chine, ils ont presque tous pris le virage capitaliste. 1989, date de la chute du Mur, signal et symbole, c’était hier. Il reste encore la Corée du Nord, Cuba et quelques autres à refuser les règles capitalistes. Pour combien de temps ? Revenons sur le communisme. Il n’a pas été seulement en rupture avec le capitalisme, il a aussi nié la liberté économique, le libéralisme et ses règles de concurrence. Hormis le contexte, qui explique toujours, cette négation n’était ni automatique ni indispensable, je la vois comme la véritable cause de son échec. Le communisme a encore nié la démocratie et la liberté d’expression. Le plus étonnant est son succès idéologique pendant plus d’un demi siècle. La raison de ce succès est, je le crois, à porter au crédit de son rejet du capitalisme, rejet souhaité par la plupart, rejet aujourd’hui enfoui, caché, nié, inconscient mais bien réel. L’échec du communisme a été une victoire et une aubaine pour le capitalisme, l’échec de l’expérience communiste renforce l’idéologie capitaliste. Aujourd’hui, il n’y a plus de concurrence. Merci tonton Marx, merci Lénine, merci Staline, … Mais cette victoire idéologique contre le communisme est déjà de l’histoire ancienne. Si le Mur de Berlin est tombé en 1989, le système communiste faisait de moins en moins illusion pour beaucoup de monde depuis longtemps.

    Au-delà de l’échec du communisme, la vrai nouveauté et la véritable victoire du capitalisme réside dans l’actuelle mondialisation. Celle-ci lui permet de battre enfin en brèche les politiques sociales de redistribution des nations démocratiques. Quelle éclatante revanche pour les capitalistes sur tous ces sociaux-démocrates qui avaient réussi à leur imposer, à eux les patrons, au fil des années et dans des cadres nationaux, tant de charges et de contraintes ! « Nous aidons les Chinois à s’en sortir en leur donnant du travail. » Quelle formidable hypocrisie, quelle victoire ! A la différence de la politique, l’économie a su saisir la dimension internationale de notre époque. Là, précisément, réside sa victoire. En comparant l’efficacité des multinationales avec des institutions politiques supranationales comme l’ONU ou l’Europe, il apparaît un décalage énorme, un gap pour parler anglais, il n’y a pas photo pour la jouer visuel. Aujourd’hui, l’économie est mondiale, Internet et l’ouverture de la Chine ont accéléré le processus, même avec des distances physiques et des différences culturelles qui restent et resteront des obstacles. L’économie mondiale est devenue une réalité. La France exporte déjà environ la moitié de sa production et importe la moitié de sa consommation. A l’inverse, le fait politique est resté national. La mise en place de politiques supranationales rencontre d’énormes difficultés. Si l’Union Européenne en est une illustration, l’ONU en est la caricature. Le point essentiel est que cette différence d’échelle – économie mondiale versus politique nationale – provoque un bouleversement décisif dans les rapports entre l’économie et la politique. L’économie devient dominante et la politique dominée. Par sa dimension internationale, l’économie peut manipuler les nations, les mettre en concurrence, les asservir. Or l’économie, aujourd’hui, c’est le système capitaliste.

     

    Nous avons déjà souligné qu’avec l’irrésistible mécanisation du travail, le chômage a tendance à se développer. Pour lutter contre le chômage, il faut que les nations attirent les entreprises, donc les investisseurs, c’est-à-dire les capitalistes. Avec le chômage, le politique dépend donc du capitaliste. La fiscalité du pays est pour celui-ci un critère financier essentiel. Il va de toute évidence privilégier les lieux où la fiscalité est la moins contraignante. Une main d’œuvre docile, bon marché et flexible sont d’autres critères de « succès ». Cette liberté nouvelle du capitaliste est décisive dans ses rapports avec les Etats nationaux. C’est une arme maîtresse, qui est en train de faire mouche. Que devient un régime politique qui va devoir en permanence baisser sa garde fiscale et sociale pour lutter contre le chômage ? Il va s’affaiblir et perdre pied à pied sa liberté d’action. C’est la démocratie qui est menacée. Avec le capitalisme mondial, la course au moins disant social est lancée. Sauve qui peut ! Le paradis pour les capitalistes et l’enfer pour les autres. Une fois qu’on a compris çà, en France et en Europe en particulier, on fait quoi ?

     

    On fait comme si rien de spécial ne se passait ?

     

    On collabore ou on résiste ? Est-ce binaire ?