L’argument principal de celui qui refuse l’autogestion au nom de l’efficacité et du réalisme est simple : les travailleurs, dans leur majorité, ne sont pas capables de choisir un bon dirigeant, ils n’en ont pas les compétences. Ils refusent la démocratie au nom de la compétence. Mais pourquoi limiter cet argument à la démocratie d’entreprise ? Pourquoi ne pas refuser aussi la démocratie actuelle pour cause d’incapacité du citoyen de base à choisir les bons représentants ? Non franchement, si on veut se passer du capitalisme, on le peut, nos résistances sont d’abord liées à notre peur naturelle devant la nouveauté. Le terrain est à peu près vierge, même si des expérimentations concluantes existent, dans les coopératives, les mutuelles et les associations. Le vrai frein est là, la nouveauté, qui est le plaisir du révolutionnaire.
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La légitimité du pouvoir des travailleurs
Sur le plan de l’évolution, la démocratie dans l’entreprise semble la suite logique de la démocratie du sol. Comment croire que seuls les citoyens et les politiques aient droit à la démocratie, et pas les travailleurs ? Il est vrai que nos démocraties et leurs citoyens ont encore beaucoup de progrès à faire, sur le plan de l’organisation de la démocratie comme sur l’efficacité des choix politiques. On en reparlera plus tard. Il sera quand même plus facile de faire fonctionner avec efficacité une entreprise autogérée qu’un Etat national. Si vous étudiez de prêt la gestion d’une collectivité locale, une commune par exemple, vous constaterez qu’à part quelques abus, arnaques et nids d’incompétences, cette gestion tourne et fonctionne déjà mieux qu’au niveau d’un Etat, mais il nous faudra aussi des grandes entreprises avec une démocratie performante. En y travaillant et motivé par les revenus de son travail, le travailleur a toutes les bonnes raisons d’être un bon travailleur citoyen dans son entreprise, choisir ses dirigeants d’entreprise avec circonspection, choisir de bons dirigeants, au prix du marché.